Boursier.com : Le rebond des petites et moyennes capitalisations a-t-il débuté selon vous… ?
Régis Lefort : Il est vrai que les petites et moyennes capitalisations ont connu un rebond limité depuis le début d’année, après avoir baissé plus que le marché au deuxième semestre 2018. On peut parler de normalisation après cinq années de surperformance, et avec un P/E du CAC Small aujourd’hui de 14,5, contre près de 18 fin 2017. Sachant que le P/E médian du CAC40 est de 15,5. Les petites et moyennes valeurs sont aujourd’hui revenues dans leur moyenne historique. Dans ce contexte, on peut effectivement espérer que ces valeurs reprennent une tendance boursière plus favorable. Lorsqu’on observe l’historique des comportements boursiers post crise, en 2008, 2011, et lors de la correction de 2015, on se rend compte que les grandes capitalisations sont toujours les premières à rebondir, puis que les petites capitalisations surperforment par la suite, par exemple d’avril 2009 à mai 2011, leur surperformance a été de 50%, entre décembre 2011 et juin 2014, de 17% et de 55% entre 2014 et 2017. Nous pensons que la fin du premier trimestre 2019 pourrait constituer le point de démarrage de cette phase…
Y a-t-il des éléments d’ordre fondamental accréditant un tel scénario ?
Absolument et tout d’abord l’amélioration des indices PMI en Europe. Ils progressent depuis le début de l’année et on remarque une forte corrélation entre l’évolution de ces indices en Europe et la surperformance des petites capitalisations. Ce qui est logique étant donné la forte exposition des PME au marché intérieur européen. Autre élément favorable : les valorisations revenues dans leur moyenne historique. Par ailleurs, pour ce qui est de la projection de résultats, elle demeure à +8,9% pour 2019. Certes, les résultats, de façon générale, apparaissent en haut de cycle, mais il n’y a pas de retournement à la baisse en vue… Enfin, dernier point favorable : la politique monétaire de la BCE, là encore on constate une forte corrélation entre la surperformance des petites et moyennes capitalisations et l’augmentation du bilan de la BCE.
Qu’en est-il aujourd’hui de la collecte sur les fonds small & mid caps ?
Nous ne constatons pas encore de retour de la collecte, mais plutôt une baisse de la décollecte… Les dernières semaines s’avèrent assez neutres de ce point de vue. Mais sur 12 mois glissants, autrement dit depuis juin 2018, les fonds small caps affichent 20% de retraits. Les volumes échangés ont été relativement étroits, les maisons de gestion n’ont pas été confrontées à des retraits massifs et n’ont pas eu à pratiquer des ventes forcées…
Dans ce contexte, préférez-vous les valeurs de croissance ?
Nous pensons que les taux vont demeurer longtemps très bas, ce qui est favorable aux valeurs de croissance. Or, les valorisations de ces valeurs se sont ajustées à la baisse. Dans des secteurs comme les services numériques ou les logiciels, beaucoup de titres ont reculé de 20 ou 30% alors que les prévisions de résultats n’ont pas été révisées. Attention toutefois, la conjoncture demeurant incertaine, il faut en priorité se concentrer sur les titres de sociétés de qualité, avec une bonne visibilité et un bilan sain. Les valeurs cycliques sont aussi à étudier, certaines étant même revenues sur leurs cours de 2008, alors que l’économie était en récession : Manitou, Haulotte, Derichebourg, Jacquet Industrie…
On pourrait attendre plus d’opérations étant donné la faiblesse de certaines valorisations…
Cela reste une thématique à jouer car l’environnement est favorable. Paradoxalement, il y a eu assez peu d’opérations et essentiellement des rachats plutôt opportunistes de minoritaires par des actionnaires majoritaires… Cela a été le cas sur Tessi, Stallergenes, Evolis…
Bilendi demeure l’une des plus importantes lignes de votre fonds Talence Sélection PME. Avez-vous pris position dans le conflit entre la direction et son premier actionnaire Qwamplify ?
Nous avons voté en faveur de la direction lors de la récente AG, parce que nous pensons qu’elle mène la bonne stratégie pour devenir un leader en Europe. Qwamplify aurait aimé faire remonter le cash de Bilendi, mais la société a besoin de cet argent pour sa croissance externe. A mon avis, l’évolution du capital de Bilendi reste à surveiller, Qwamplify pourrait chercher à céder son bloc, sur lequel il est d’ailleurs largement positif depuis son entrée au capital.
Quels sont vos autres dossiers du moment ?
Generix dans la ” supply chain “, se paie aujourd’hui bien moins cher qu’Esker, et dispose de vrais leviers de hausse de la rentabilité. Nous aimons beaucoup Lumibird, vraie société de croissance avec d’importantes ambitions et qui vient de lever de l’argent pour des acquisitions. Albioma, plus défensive, bénéficie aussi de la baisse des taux d’intérêt. Mediawan dans le contenu audiovisuel est intéressante avec désormais un vrai flottant. Côté retournement, on peut citer Bigben. Enfin, nous aimons Carmila, foncière très décotée, qui dispose d’énormes réserves foncières à aménager et a pour ambition d’accentuer les flux dans ses galeries commerciales qui sont loin d’avoir été tuées par le e-commerce à mon sens… Le rendement approche les 10%, le titre est extrêmement décoté !
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