Quel est le bilan boursier des derniers mois sur les marchés ?
Le recul des marchés qui s’est amorcé au premier trimestre s’est amplifié au second, avec la montée des risques sur la conjoncture économique. Ainsi, sur ces 3 derniers mois, l’indice CAC 40 (dividendes réinvestis) et l’indice Eurostoxx50 accusent une baisse de respectivement 9,4% et 11,5%. Outre-Atlantique, les marchés américains ont été encore plus affectés avec un recul de 16,5% pour l’indice S&P 500 et de 22,4% pour le Nasdaq. Cette sous-performance résulte de la forte correction des valeurs technologiques dont les valorisations avaient atteint des niveaux records fin 2021. Au final, les marchés actions clôturent le semestre en forte baisse (-15,5% pour le CAC 40, -13,5% pour le MSCI Word), après toutefois une année 2021 particulièrement positive (+31,1% pour le CAC 40 et +31,1% pour le MSCI Word).
Quelles sont les raisons de cette correction alors que les entreprises publient apparemment de bons résultats ?
Effectivement, après un redressement impressionnant en 2021 lié au déconfinement progressif des économies, les résultats des entreprises sont restés très bien orientés au premier trimestre 2022. Les bénéfices par action sont ressortis en moyenne 10% au-dessus des attentes, tous secteurs confondus. Les entreprises ont su globalement préserver leurs marges, malgré les difficultés d’approvisionnement et un début d’inflation sur les prix des matières. Elles ont fait preuve d’une bonne capacité d’adaptation et de répercussion des hausses de leurs coûts (le fameux « pricing power »). A l’issue des publications du T2, la majorité des analystes ont même revu à la hausse leurs prévisions qui tablent sur une croissance de 13,6% des bénéfices des sociétés européennes en 2022 (+7,6% si l’on exclut les secteurs des produits de base et matières premières).
Ce premier semestre a également été marqué par la dégradation des indicateurs macro-économiques et de l’environnement de marché, allant jusqu’à faire craindre une prochaine récession économique mondiale :
– En premier lieu, l’inflation a continué d’accélérer, soutenue par de nombreux facteurs (prix de l’énergie et des matières, pénuries, tensions salariales…). Ainsi ce qui ne devait être que « temporaire » il y a quelques mois s’avère beaucoup plus fort et durable (les chiffres d’inflation de mai ressortent à +8,6% aux Etats-Unis, +8,1% en Europe et +9,1% au Royaume-Uni en rythme annuel. Cette situation a conduit les banques centrales, y compris la BCE, à durcir sensiblement leur politique monétaire. La Fed américaine a ainsi relevé de 75 points de base ses taux directeurs en juin : une première depuis 1994 ! En Europe, la BCE amorcera dès juillet un cycle de relèvement qui s’annonce énergique.
– Dans le même temps, les indicateurs économiques (climat des affaires, pouvoir d’achat des ménages) se dégradent nettement. Cette détérioration de la situation économique intervient principalement en Europe où la guerre en Ukraine a bouleversé les équilibres économiques de la zone (approvisionnement en énergie, pic d’inflation). Depuis février dernier, les prévisions de croissance ont été sensiblement revues en baisse en premier lieu en Allemagne (pays le plus exposé à la Russie) mais aussi dans le reste de l’Europe. En France, l’INSEE vient d’abaisser sa prévision de croissance pour 2022 +2,3% (contre +3,4% estimé auparavant).
Ainsi, les marchés ont baissé ces derniers mois sur des anticipations de dégradation de la conjoncture, qui ne sont pas encore visibles dans les résultats des entreprises…
Etes-vous plus confiants pour le second semestre ?
Les anticipations de hausse des taux des banques centrales nous semblent assez bien intégrées par les marchés aujourd’hui. Par ailleurs, la vigueur de l’inflation et le spectre d’une récession qui ont également pesé sur les marchés mondiaux restent un point de vigilance pour les prochains mois.
Les effets globaux de ce contexte sur la croissance future des entreprises sont encore difficiles à mesurer. En plus des indicateurs macro-économique, la publication des résultats des entreprises sont ainsi très attendus par les marchés. Ils dépendront aussi, bien évidemment, de l’évolution de la guerre en Ukraine, qui conditionne principalement les prix de l’énergie. Un arrêt complet des livraisons de gaz russe constituerait c’est sûr un scénario négatif.
Cependant, des scénarios plus favorables pourraient également se réaliser : les craintes sur la croissance peuvent entrainer une décrue du prix des matières premières et des anticipations d’inflation s’accompagnant d’une détente des taux de marché, comme observé ces jours derniers. Les tensions en amont de la production semblent s’atténuer et la réouverture progressive de la Chine constitue un facteur positif. Un tel scénario serait de nature à calmer la pression baissière sur les actions, qui ont déjà subi une correction sévère au premier semestre.
Au total, nous restons prudents sur les marchés et anticipons le maintien d’une volatilité élevée. Nous privilégions les actifs de qualité ayant les atouts suivants : une structure financière solide, une exposition à des secteurs peu corrélés au cycle macroéconomique et un solide « pricing power » limitant la pression sur les marges.
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