Entretien avec Régis Lefort, Associé-fondateur de Talence Gestion
“Générix, Bilendi, Valneva…”
Comment les fonds que vous gérez se sont comportés lors de la chute des marchés puis de leur rebond ?
Nous avons subi la baisse, comme beaucoup, mais avons bien profité du rebond qui correspondait à notre scénario. Les performances des fonds Talence sur les petites et moyennes capitalisations sont donc correctes depuis le début de l’année. S’agissant de Talence Sélection PME, quelques ” locomotives ” ont soutenu sa remontée, à l’image du titre McPhy Energy (petit acteur du secteur de l’hydrogène) qui a plus que doublé en un mois, Microwave Vision qui surfe sur les marchés de la 5G ou des objets connectés ou encore Mediawan qui fait l’objet d’une OPA avec une prime de 40%.
Apporterez-vous vos titres à l’offre sur Mediawan?
La société a créé beaucoup de valeur depuis son introduction en Bourse sans que le titre en profite… L’actionnariat initial et notamment les fonds qui l’ont introduit en Bourse étaient trop pesant sur le parcours boursier. Beaucoup de BSA sont en circulation, créant de facto de la dilution potentielle. Mais l’OPA change la donne, elle rebat les cartes au niveau actionnarial et le dossier lui-même va changer de dimension, avec de nouvelles acquisitions structurantes. Si les actionnaires fondateurs se renforcent à 12 Euros, cela peut être tentant de rester au capital…
D’autres idées de petites capitalisations?
Verimatrix, dans le domaine de la sécurité des contenus audiovisuels, et Audiovalley, une petite société dans le domaine porteur de la monétisation des radios numériques et la gestion des droits musicaux, qui ne sont plus le monopole de la Sacem. Nous avons peu de “biotechs”, mais apprécions Valneva qui fait partie des dossiers intéressants du secteur. La société a touché un “upfront” de 130 M$ de la part de Pfizer dans le cadre du projet de vaccin contre la maladie de Lyme. Valneva développe aussi un projet de vaccin contre le Chikungunya espéré dès 2022. En outre, c’est une société qui sait trouver des sources de financement peu dilutives, ce qui est appréciable dans ce secteur ! Dans le secteur de la Santé, nous détenions également Cegedim, Pharmagest ou Vetoquinol en santé animale.
Quelles sont les principales lignes actuelles du fonds ?
Génerix, éditeur de logiciel dans la logistique, qui poursuit sa croissance en Europe et aux Etats-Unis avec une vraie récurrence liée au mode de commercialisation en ” SAAS “. Bilendi, pratiquement pas touché par le Covid-19 et qui devrait bénéficier d’une accélération des études réalisées en ligne. Bilendi a aussi clarifié son actionnariat récemment et les chiffres sont bons, la rentabilité monte en puissance. De plus, le titre ne se paye pas trop cher, avec un multiple VE/EBITDA de 11 fois pour 2021, dans un secteur un peu spéculatif car beaucoup de concurrents sont détenus par des fonds. Nous détenons aussi Séché Environnement sur la thématique “verte”, porteuse et recherchée. Le titre n’a pas retrouvé ses niveaux d’avant crise et dispose d’un potentiel de rattrapage.
Quels types d’arbitrages avez-vous réalisé?
Nous avons sorti des petites lignes comme Awox, Lucibel, des sociétés fragiles financièrement. Nous avons concentré un peu plus le portefeuille autour de valeurs de croissance comme Nacon sous les 5 Euros. Et nous avons renforcé des lignes qui paraissent très en retard à l’image de HighCo. Le secteur des loisirs et du tourisme qui a plus souffert que d’autres du confinement, offre aussi des opportunités comme Pierre & Vacances et Compagnie des Alpes. Des titres qui conservent un potentiel important de rebond.
La période de publication semestrielle va bientôt débuter. La redoutez-vous?
Les analystes financiers ont à priori bien fait leur travail! Selon la SG, le consensus sur les BPA a été révisé de plus de 30% sur les larges caps et de 45% sur les small caps européennes. Cela signifie que les mauvais chiffres prochainement publiés sont probablement intégrés dans les cours. Je ne crains donc pas trop les publications à venir. Je vois d’autres risques comme des prises de bénéfices à New York en raison du fort rebond du marché américain, peut-être aussi une rentrée sociale difficile et un éventuel retour du virus. Mais face à ces risques, les petites capitalisations françaises apparaissent bien armées, elles devraient bénéficier à plein des plans de relance budgétaires des Etats et boursièrement, évoluent sans pression vendeuse outrancière car ces titres ne sont pas éligibles aux ventes à découvert. Et puis cela fait 2 ans que cette catégorie sous-performe, ce qui est assez inhabituel! Aujourd’hui, si les flux reviennent sur le segment, les petites capitalisations poursuivront leur rattrapage.
Nos AUTRES actualités
-
« Luxembourgeoisez-vous » !
25 juillet 2024